Analyse et représentation du fantastique dans les musiques anecdotiques de Luc Ferrari - BnF - Bibliothèque nationale de France Accéder directement au contenu
Chapitre D'ouvrage Année : 2017

Analysis and representation of the fantastic in Luc Ferrari's anecdotal music

Analyse et représentation du fantastique dans les musiques anecdotiques de Luc Ferrari

Pierre Couprie

Résumé

The soundscape is a very specific category of electroacoustic music, highlighting the aesthetic of sound recordings. These recordings generally come from natural environments but can also integrate urban capture of human or mechanical activities. Composers produce their works using the usual techniques of electroacoustic music - editing, mixing and temporal and/or spectral transformations - with the goal of recognizing sounds or parts of them in their context. Very often, the composer plays with the dramaturgical aspect of the recording, suggesting a sound story or giving the listener the chance to navigate according to his imagination. In the mid-1960s, before the emergence of the soundscape in musical creation, Luc Ferrari imagined Hétérozygote (1964), a work which mix music and dramaturgy. The title came from biology and designated an individual "carrying two different genes (recessive and dominant) on each chromosome of the same pair". This mix - the recognition of a recorded environment carrying a certain form of dramaturgy and the work of musical composition in terms of material and form - will become the composer's signature and will influence at different levels all the works that will relate to the soundscape. With Luc Ferrari, the musical part of work is often very subtle, the composer modifies the temporal progression without this being noticeable or creates manipulations with which the listener is never really sure when they start or end. Similarly, the dramatic construction, supported by recordings of environments, is very often enhanced by external sounds, transformations or even the composer's own voice. Combining the fantastic with Luc Ferrari's anecdotal music seemed obvious to me from the very first research on the subject. However, this composer's fantasy does not correspond to what could be found in 19th century literature and the arts, but rather to the term "whimsical" through the notions of originality, mobility or rapid change. Thus, Luc Ferrari's music escapes all predictability, the composer does not hesitate to surprise us by opening new doors as in Far-West News (1999), by tilting an environment with the help of a few well chosen materials such as the storm that tears the landscape apart in Presque Rien No. 2 (1977) or by amplifying a sound present in the background of the recording as if it were noisy. But this "whimsical" aspect is also represented by the composer's inner soundscape, his perception. The listener is regularly confronted with Luc Ferrari's voice commenting on what he perceives, what interests him or not or what he thinks, but also with very personal themes such as Le Presque rien n°2. Ainsi continue la nuit dans ma tête multiple (1977) or Les Arythmiques (2010).
Le paysage sonore est une catégorie bien spécifique du genre électroacoustique, il met en valeur les caractéristiques esthétiques d’enregistrements d’environnements sonores. Ces derniers proviennent généralement d’environnements naturels mais peuvent aussi intégrer des captations urbaines d’activités humaines ou mécaniques. Les compositeurs produisent leurs œuvres avec les techniques habituelles de la musique électroacoustique – montage, mixage et transformations temporelles et/ou spectrales –, l’objectif restant la reconnaissance des sons ou d’une partie d’entre eux dans leur contexte. Le compositeur joue très souvent avec l’aspect dramaturgique de l’enregistrement, proposant ainsi une histoire sonore ou laissant l’auditeur naviguer au gré de son imagination. Au milieu des années 1960, avant l’apparition du paysage sonore dans la création musicale, Luc Ferrari imagine une œuvre, Hétérozygote (1964), mêlant musique et dramaturgie, le titre provenant de la biologie et désignant un individu « porteur de deux gènes différents (récessif et dominant) sur chaque chromosome d'une même paire2 ». Cette mixité – la reconnaissance d’un environnement enregistré porteur d’une certaine forme de dramaturgie et le travail de composition musicale au niveau du matériau et de la forme – deviendra la signature du compositeur et influencera à différents niveaux l’ensemble des œuvres qui se rattacheront au paysage sonore. Chez Luc Ferrari, la part musicale du travail de composition est souvent très subtile, le compositeur modifie le déroulement temporel sans que cela soit perceptible ou crée des manipulations avec lesquelles l’auditeur n’est jamais vraiment sûr de savoir à quel moment elles commencent ou se terminent. De même, la construction dramatique, portée par les enregistrements d’environnements, est très souvent rehaussée de sons extérieurs, de transformations ou même de la propre voix du compositeur. Associer le fantastique et la musique anecdotique de Luc Ferrari m’a semblé évident dès les premières recherches sur le sujet. Toutefois, le fantastique chez ce compositeur ne correspond pas à celui que l’on pourrait trouver dans la littérature et les arts du XIXe siècle, il se rapproche plutôt du terme « fantasque » à travers les notions d’originalité, de mobilité ou de changement rapide. La musique de Luc Ferrari échappe ainsi à toute prévisibilité, le compositeur n’hésite pas à nous surprendre en ouvrant de nouvelles portes comme dans la pièce radiophonique Far-West News (1999), en faisant basculer un environnement à l’aide de quelques matériaux bien choisis comme avec l’orage qui déchire le paysage dans le Presque rien n°2 (1977) ou en amplifiant un son présent en arrière-plan de l’enregistrement comme avec les bruits de la rue d’un village italien dans le Presque rien n°4 (1989). Mais cet aspect « fantasque » est aussi représenté par le paysage intérieur du compositeur, sa perception. L’auditeur est régulièrement confronté à la voix de Luc Ferrari commentant ce qu’il perçoit, ce qui l’intéresse ou non ou ce qu’il pense, mais aussi à des thématiques très personnelles comme avec Le Presque rien n°2 Ainsi continue la nuit dans ma tête multiple (1977) ou Les Arythmiques3 (2010).
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Citer

Pierre Couprie. Analyse et représentation du fantastique dans les musiques anecdotiques de Luc Ferrari. Cécile Carayol; Pierre Albert Castanet; Pascal Pistone. Le fantastique dans les musiques des XXe et XXIe siècle, Delatour, pp.94-108, 2017, Le fantastique dans les musiques des XXe et XXIe siècle, 9782752103130. ⟨hal-01683562⟩
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